Imogène d’Il pirata (1827) serait-elle la grande soeur de Lucia ? L’intrigue de Lucia di Lammermoor (1835) présente des ressemblances troublantes avec celle d’Il pirata de Vincenzo Bellini, étape majeure dans l’émergence de l’opéra romantique italien. A leurs manières, Donizetti et Bellini avançaient dans une même direction.
Il pirata est le premier triomphe incontestable du Sicilien, qui plus est devant le public particulièrement exigeant de la Scala. Alors pourquoi cet opéra, malgré l’enivrante beauté de sa musique et l’émotion générée par ses situations fortes, a-t-il totalement disparu du répertoire avant que Tullio Serafin puis Maria Callas (1958) ne se penchent sur cet opus oublié ? Bellini disposait à la Scala des trois interprètes les plus superlatifs de son temps en la personne d’Henriette Méric-Lalande, Giovanni Battista Rubini et Antonio Tamburini. La partition, taillée à la mesure de leurs immenses moyens et de leur virtuosité légendaire, devient, avec l’avènement des écoles de chant véristes et wagnériennes, un obstacle quasiment impossible à franchir.
Depuis un demi-siècle, la renaissance du répertoire belcantiste et l’apparition d’interprètes formés à cette école nous permettent d’ouvrir avec gourmandise ces pages issues d’un passé glorieux.